EDITORIAL
De nombreux progrès ont été effectués ces dernières
années d’une part au niveau du diagnostic anatomo pathologique et ce grâce aux
techniques d’immunohistochimie et d’autre part par des études coopératives
randomisées qui ont permis d’établir des facteurs pronostics admis par tous,
qui deviendront associés à l’âge et aux stades cliniques, les éléments
essentiels pour un choix thérapeutique.
La connaissance scientifique progresse à des allures
considérables, la multiplication des revues publiant les résultats des travaux
d’équipes mondialement connues est un fait avéré, il devient par conséquent de
plus en plus difficile de disposer de l’ensemble des informations dans des
délais raisonnables.
L’opportunité nous est donc donné par le biais de cette
revue d’exposer l’essentiel de nos résultats comparés aux résultats publiés par
les équipes internationales.
Ce travail, nous le souhaitons, sera l’embryon d’une
étude coopérative nationale entre hématologistes et anatomopathologistes dont
l’objectif principal sera d’assurer à tous les patients de l’ensemble du
territoire national les mêmes chances pour un diagnostic précis et un
traitement adapté au type de lymphome afin de lui garantir une guérison ou tout
au moins chez les sujets plus âgés une survie sans progression de bonne qualité
et la plus longue possible.
Dans le but de concrétiser cet objectif un séminaire de
consensus sur le diagnostic et le traitement des LMNH ganglionnaires de
l’adulte, sera organisé les 2 et 3 octobre 2004 dans le sud algérien, ce
séminaire aura comme objectifs spécifiques :
- d’uniformiser l’approche diagnostique histopathologique
selon la nouvelle classification OMS.
- d’établir un consensus national sur la prise en charge thérapeutique des
malades.
- de mettre en place un réseau pluridisciplinaire régional et national qui
regroupera cliniciens, pathologistes, biologistes, radiologistes et chirurgiens
en charge de cette pathlogie.
La motivation de l’ensemble des pathologistes et
cliniciens convaincus de l’intérêt d’un travail d’équipe est nécessaire pour
une bonne réussite où le malade en sortirait gagnant.
Pr N BOUDJERRA.
EPIDEMIOLOGIE DES
LYMPHOMES MALINS NON HODGKINIENS
N. BOUDJERRA,
Les Lymphomes Malins Non Hodgkiniens (LMNH) sont
des.hémopathies malignes, développés à partir de cellules lymphocytaires B ou T
rarement NK entraînant une hypertrophie des organes lymphoides, notamment les
ganglions mais aussi les organes non lymphoides.
Ils se traduisent par une diversité clinique
morphologique et biologique reflétant la complexité des classifications
histopathologiques modernes.
L’évolutivité clinique est variable, parfois modérée
(lymphomes indolents), dans d’autres cas élevée (lymphomes agressifs)
L’intérêt particulier porté aux LMNH est du à
l’augmentation de leur incidence, à une meilleur connaissance de leur
développement et aux progrès thérapeutiques permettant une guérison dans un
certain nombre de cas.
Incidence des LMNH
On assiste ces dernières années à une augmentation constante des LMNH , La
fréquence relative est, selon les registres de cancer mis en place dans les
pays développés, de 12 à 15 cas pour 100.000 habitants avec une augmentation de
5 à 10 % / an.
Le lymphome est le 5 ème cancer par ordre de fréquence
chez les hommes aux Etats-Unis et Le 7 ème en France.
L’incidence de chaque type de lymphome peut varier mais
de façon minime d’un pays à l’autre.
Les variations les plus fréquemment rencontrées , sont
celles des lymphomes T et des lymphomes folliculaires retrouvés de façon
fréquente au Japon et aux Caraibes.
L’étiologie des lymphomes
L’étiologie n’est pas connue, mais certains facteurs sont incriminés expliquant
l’augmentation constante des lymphomes, on citera :
- La diminution de la réponse immunitaire qui serait l’une des causes de
l’augmentation de la fréquence des LMNH chez les personnes âgés .
- l’association fréquente à des infection virales comme le virus d’Epstein
Barr, virus de l’hépatite C, virus HTLV1, VIH chez le sujet jeune.
- environnementaux éventuellement toxiques tels que : herbicides, produits
chimiques, teinture pour cheveux, essence du bois.
Age et sexe
Les lymphomes malins non hodgkiniens se voient à tout âge, l’âge moyen selon la
littérature se situe entre 50 et 60 ans avec une médiane de 60 ans.
Le pic de fréquence est compris entre 65 et 85 ans.
L’homme est plus fréquemment atteint que la femme, avec un sex ratio M/F de
1.5.
CASUISTIQUE
NATIONALE
Patients et méthodes
Une étude descriptive et rétrospective a été faite sur 10 ans, 1993 – 2002, au
niveau de 13 services d’hématologie représentant l’ensemble des centres de
traitement des LMNH.
La collecte des données s’est faite sur dossier médical
La population étudiée est représentée par les malades atteints de LMNH
ganglionnaires, âgés de 16 ans et plus.
Les patients âgés de moins de 16 ans et ceux ne
présentant pas d’atteinte ganglionnaire ont été exclus de l’étude.
Les 13 services d’hématologie traitant les LMNH sont :
CHU Oran, EHS Pierre et Marie Curie, CHU Blida, CHU sétif, CHU Annaba CHU
Constantine, CHU Béni-Messous, CHU Sétif, Hôpital Central de l’Armée ( HCA ),
CHU Tizi-ouzou, Hôpital de Béchar, CHU Sidi Belabbés, Hôpital de Batna.
1723 dossiers ont été étudiés, le nombre de malades par
centre est illustré par la figure suivante :
Répartition des LMNH ganglionnaires de l’adulte par
centres de traitement 1993 - 2002
Résultats
Age et sexe :
L’étude de l’âge a été faite sur 1675 dossiers, l’âge
n’était pas mentionné sur 48 fiches.
L’âge moyen des patients au diagnostic est de 49 ans. Extrêmes :16 - 98 ans.
On notera 2 pics de fréquence, l’un au dessous de 35 ans, l’autre de 60 à 69 ans Le nombre de patients élevé dans la tranche d’âge de moins de 35 ans et faible dans la tranche de plus de 70 ans, comparés aux études internationales, est due au nombre élevé de sujets jeunes dans notre population.
16 à 35 ans | 416 |
35 à 49 ans | 340 |
50 à 59 ans | 294 |
60 à 69 ans | 383 |
> à 70 ans | 262 |
total | 1675 |
|
|
Répartition des
LMNH ganglionnaires selon les tranches d’âge
L’étude du sexe a été faite sur les 1723 dossiers.
Le rapport hommes / femmes est sensiblement identique à ce qui a été rapporté
par les études publiées, le nombre de patients de sexe masculin est de 1011,
celui des femmes est de 712, avec un sex ratio (M / F) de 1.42.
Répartition des LMNH ganglionnaires de l’adulte sur le
territoire national : 1993 - 2002 Selon le sexe
Etude de la
profession
La profession a pu être étudiée sur un échantillon de 323
dossiers , celle qui a été le plus souvent retrouvée est : fellah 20 %, elle
sera suivie par commerçant 13 %.
Ces résultats rejoignent les données de la littérature où
l’on retrouve une fréquence des lymphomes chez les personnes exposées aux
herbicides et aux produits chimiques.
|
|
Incidence
Sur les 1596 fiches exploitables, on note un taux d’incidence variable selon
les régions, il est de 5.04 pour la région sanitaire centre, 6.25 pour la
région sanitaire Ouest, 5.86 pour la région sanitaire Est, 4.23 pour la région
sanitaire Sud Ouest, 1.46 pour la région sanitaire Sud Est.
L’incidence moyenne nationale est de 5
Le risque relatif d’avoir un LMNH semble plus faible dans notre population
qu’en Europe ou aux Etats-Unis où le risque relatif est de 12 à 15 cas pour
100.000 habitants.
REGIONS |
NOMBRE DE CAS |
POPULATION |
incidence pour 100000
habitants |
Centre |
588 |
11668915 |
5,04 |
Est |
517 |
8815645 |
5,86 |
Ouest |
416 |
6651919 |
6,25 |
sud est |
36 |
2461449 |
1,46 |
sud ouest |
39 |
920961 |
4,23 |
Total |
1596 |
30518889 |
5,22 |
Incidences selon
les régions des LMNH ganglionnaires de l’adulte
Etude anatomopatologique
Dans notre étude l’examen histopathologique a été effectué dans 1603 cas.
Le diagnostic a été posé sur un examen cytologique dans
80 cas . Le diagnostic de lymphome a été porté sans précision du type dans 40
cas .
Les lymphomes ont été classés en :
Lymphomes aggressifs
- Lymphome à grandes cellules GC ou DLCL : diffuse large B cell lymphomasont
inclus dans cette catégorie les Immunoblastiques et les Centrblastiques
- Lymphome de burkitt / BL : Burkitt lymphoma
- Lymphome lymphoblastique / LL : Lymphoblastic Lymphoma
- Lymphome anaplasique AP ou ALCL : anaplastic large cell lymphoma
Lymphomes indolents :
- Lymphome lymphocytique LC ou SLL : small lymphocytic leukemia
- Lymphomes centrocitique centroblastique de la classification de Kiel qui
correspondraient aux lymphomes follicullaires LF des nouvelles classifications
- Lymphomes centocytiques LC
- Lymphome lympho plasmocytoide LP.
les pourcentages des différents types histologiques et
leur comparaison aux publications internationales, sont donnés dans le tableau
suivant :
FREQUENCE DES DIFFERENTES ENTITES DE LA REAL
CLASSIFICATION
EN ALGERIE
FL Folliculaire |
15 |
GC Grandes cellules |
37 |
LC Lymphocytique |
12 |
LL Lymphoblastique |
10 |
LB L de Burkitt |
3 |
ANAPLASIQUE |
5 |
CC Centrocytique |
4 |
Autres |
14 |
total |
100 |
Fréquence
relative de la REAL classification dans le monde
LF |
22 |
MALT / MZL |
9 |
Manteau |
6 |
GC |
34 |
LC |
6 |
LB |
1 |
LL |
2 |
LP |
7 |
AUTRES |
13 |
On constate un nombre de lymphomes à grandes cellules (GC
) sensiblement identique aux études internationales, un nombre élevé de
lymphomes lymphoblasiques (LL) 10 % et burkitt (LB) 3 % contre respectivement 2
% et
1 % dans l’étude Internationale.
Les lymphomes folliculaires ( LF), représentés
probablement par les LMNH centrocitiques centroblastiques sont de 15 % dans
notre étude et 22 % dans l’étude internationale.
CONCLUSION
Ce travail coopératif qui a nécessité beaucoup d’efforts par l’ensemble des
collègues qui ont participé aux dépouillements des dossiers , doit être le
début d’un travail prospectif.
Les journées consacrées aux lymphomes malins non
Hodgkiniens lors du premier congrès d’hématologie et de transfusion sanguine
ont permis certes de montrer nos défaillances dans le diagnostic et la prise en
charge mais surtout de montrer les progrès qui doivent être accomplis en
collaboration avec nos collègues histopathologistes afin d’améliorer le
diagnostic , d’adopter une classification commune et oeuvrer pour une meilleur
prise en charge des LMNH sur le territoire national.
BIBLIOGRAPHIE
Coiffier B .Cavalli F, Hansen HH.
Les lymphomes non hodgkiniens. Textbook of medical
oncology, 1997
Anderson JR, Armitage JO, Weisenburger.
Epidemiology of the non- Hodgkin’s lymphomas.
Distributions
of the major
Subtypes differ by the geographic locations, Ann Oncology 1998.
Hardy-Bessard AC, Solal-Celigny P.
Lymphome folliculaire. Actualités 1996
Ont
participé à l’exploitation des fiches de lymphomes :
D.SAIDI, Y. RAHAL, S.TAIBI, S.ZOUANI, R.MRABET, F.TOUHAMI MEKNOUS,
L.ZATLA,W.SFAOUI, D.HENDEL. M.A.BEKADJA, H.TOUHAMI (Oran)
RM HAMLADJI, F.TENSAOUT, N.AIT AMER, N.TRABZI, M.SAIDI,
H. BELAIDI, R. AHMED NACER, N.ABDENNEBI , M.BENAKLI, F. MEHDID, A.TALBI,
S.GOUDA, F. BOUKHEMIA, N. BOUDJERRA (CPMC)
M.T. ABAD, M.BRADAI, F. LAMRAOUI, S. CHEBREK, S . OUKID,
S. TAOUSSI, S. AMOURA, H. HAMIDAT (Blida)
S. HAMDI, F.Z TOUIL,F.Z BENKHODJA, H.HAMOUDA, K .DEBBACHE I . BENTAHAR, M.
BENABID, .AMOURA, F.Z KHALED, M.DALI, K.BENLATRECHE (Sétif)
MEZGHACHE .N, RACHED.B , GRIFFI.F (Annaba)
Z.OUCHEMANE, Z.HABIBI, N. SIDI MANSOUR . (Constantine)
RAMAOUN.M , BENSADOK. N , LOUANCHI.L , NEKKAL.MS , BERKOUK.Y, BELHANI .M (Béni-
Messous )
BEZZOU.H, MESLI..N (Tlemcen)
DJOUADI.K, BELAKEHAL.SE , TAHARBOUCHET.F , ARDJOUN (HCA)
M. ALLOUDA, L. AINAS, O. OUANES, N. DALI , H. AIT-ALI (Tizi-Ouzou)
TALBI. M (Béchar)
EL MESTARI.A, TAYEBI.K , SID ALI .N , MAGHRAOUI .A, BELKHECHI.O,
BOULANOUAR.N, ZOUAOUI. Z (Sidi Bellabes)
BOUGHERIRA, OUARLHENT (Batna)
MAKHLOUF.F, FASILET, FARAH F/Z (épidémiologie de Bab EL Oued)
SLIMI (MSP)